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Roubaix : la saga des Nains de jardin

par Guy Ciancia le 24 septembre 2012

J’ai rencontré Didier Lejeune en 2005. Il s’occupait des livres d’occasion et de la comptabilité de la librairie Les Lisières, à Roubaix. Il organisait, chaque 32 Mars depuis 2004 un défilé de Nains de jardin qui allait vite défrayer la chronique. Après avoir eu l’honneur de la presse, y compris la parisienne, de la radio et de la télé, Didier, licencié de la librairie s’éloigna de la région. Depuis 2012, il fait promener les Nains de jardin à Dieulefit, dans la Drôme. Didier Lejeune était originaire de Verviers en Belgique où il avait assidûment fréquenté la bibliothèque municipale que dirigeait André Blavier. Installé quelques temps à Paris, il y avait exercé l’honorable fonction de dataire du Collège de ‘Pataphysique. C’était assez pour nous rapprocher l’un de l’autre.

En 2006, je transformaiL’Internationale (composée par Pierre Degeyter) en Internationale des Nains de jardin. À seules fins de rappeler que cet hymne révolutionnaire avait été chanté pour la première fois en 1888 à Lille. Et pour le plaisir des nanophiles roubaisiens, de plus en plus nombreux, au rassemblement picaresque du 32 Mars.

Avec l'orchestre de kazoos, à Roubaix

Utiliser la musique d’un chant aussi populaire que La Marseillaise ou L’Internationale pour en faire une chanson de carnaval n’a rien d’exceptionnel : c’était une pratique courante à la fin du XIXe et au début du XXe siècles. Mais c’était sans compter sur le paradoxe que la musique, révolutionnaire ou pas, n’est pas la propriété de tous et de chacun. En l’occurrence, L’Internationale n’est pas encore tombée dans le domaine public : les éditions Chant du Monde sont actuellement les ayants-droit de cette oeuvre. Toute utilisation, toute exécution de la musique (ou du texte) de L’Internationale implique une redevance à la SACEM (Société des auteurs et compositeurs). Contrairement aux milliers de manifestants qui, chaque année, entonnent, sans penser à mal, ce chant universel, il m’a fallu me soumettre à la convention proposée par Chant du Monde. Et quand on interprète publiquement « ma » version minuscule de L’Internationale, la SACEM distribue 80% des droits à cette maison et il m’en reste 20%. Le 32 Mars 2007, nous avons chanté une Brabançonne des Nains de jardin aux paroles relookées. Mais aussi, la même année, en compagnie des duettistes helvètes Plonck et Replonck, La Raurassienne des Nains de jardin, adaptation libre de l’hymne de leur canton de La Chaux-de-Fond. En 2008, ce fut la Chanson du Décervelage des Nains de jardin que j’interprétai accompagné par Gérard Buisine, à Paris, devant un public de pataphysiciens. En 2009, les Nains de jardin désertaient sur l’air bien connu de Boris Vian. Avec l’accord de Madame Ursula Vian. En 2010, la marche des Nains de jardin parodia L’Hymne des Palotins, un autre classique du Collège de ‘Pataphysique. J’avais pour ambition de réaliser une dizaine de cantiques à la gloire de ces « myrmidons du genre rétractile » évoqués jadis par Jean Yonnet dans ses Enchantements de Paris. J’ai même esquissé un blues des P’louses des Nains de jardin et un chant patriotique pour nanophiles étasuniens… Mais à peine avais-je trouvé la dernière rime… « la vache, ils avaient foutu le camp ! » On peut cependant encore entendre la chorale du Grand Bazar de Wazemmes répétant L’Internationale des Nains de jardin, le 11 mars 2007. Avec une belle intro de Jacques Leclercq au saxophone. Et une version a capella enregistrée début avril sur RTL au cours de l’émission de Philippe Bouvard.

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