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L’ASQFA et les sciences inexactes

par Guy Ciancia le 3 mars 2013

En mars 1987, soit quatre mois après sa création, l’ASQFA organise une Première célébration mondiale de la quadrature du cercle : Raymond Queneau, Joseph Lacomme. La FNAC s’associe à cette promotion de la culture scientifique et populaire.

Programme de la FNAC annonçant le forum avec une photo de Queneau

De Verviers, sur une carte de la faculté de Déphysciences appliquées, André Blavier confirme sa venue à Lille : « Dac pour le 12 mars, j’attends une copie de Lacomme, un vade lacum ».

Le 12 mars 1987 à la FNAC avec André Blavier

Depuis 1775, l’Académie royale des Sciences refusait les communications sur le thème de la quadrature du cercle.

Cette décision administrative ne découragea pas un certain nombre de « chercheurs » qui refusaient de se plier à l’irrationalité du nombre 3,14159… c’est-à-dire du nombre π.

Ils furent si nombreux, si différents, si pittoresques qu’ils devaient enrichir L’encyclopédie des sciences inexactes que Queneau entreprendra vers 1930. Cette recherche compilatrice, Queneau l’attribuera au « povriseur » de son roman Les enfants du limon (1938). Les Quadrateurs ou (démontreurs de la quadrature) devinrent même une catégorie à part entière dans cette collection des Fous littéraires que Blavier poursuivit après Queneau dans les années 1980 (André Blavier : Les fous littéraires, Veyrier, 1982).

En 1837, Joseph Lacomme (1792-1874), laboureur illettré du Gers, pave le fond de son puits. Il est de facto embarqué dans ce grand sujet mathématique. Il a 45 ans : il apprend alors à compter en s’aidant des numéros des maisons de sa rue.

Puis, il entreprend de multiples expériences de pavage. Surpris en pleine nuit dans la fontaine des Carmes de Toulouse il est conduit au poste de police puis… bientôt à l’asile d’aliénés. Il en sortira, donnera même des cours de calcul mais finira, suivant la formule consacrée, misérablement.

L’épopée de la quadrature – chapitre torride de l’accession de l’humanité à la connaissance absolue – valait bien un colloque au sommet, que Raymond Queneau, décédé dix ans plus tôt, n’aurait peut-être pas renié.

À la FNAC, ce 12 mars étaient rassemblés quelques « ex-centriques », « excentrés », pataphysiciens, spécialistes et pratiquants des solutions imaginaires.

Assis, de gauche à droite, Guy Ciancia, Claude Debon (micro en main) et André Blavier.

André et Odette Blavier, Claude Debon, Michel Décaudin, régent du Collège de ‘Pataphysique et universitaire , rayon « littérature du XXe siècle », et Robert Florkin de l’Institut limbourgeois des Hautes Études pataphysiques.

Sans oublier, les cadres administratifs de l’ASQFA dont Claude et Lucette Daubercies, respectivement vice-chandelier et ex-ponentielle au barreau de Crastes dans le Gers; Yanik Miossec, déambulateur; Pierre Callot, arpenteur aux tables sub-lunaires.

Gérard Goutierre, alors journaliste à La Voix du Nord, ayant décliné l’invitation, le débat fut emmené par le trépidant Michel Vanparys. Certes, La Voix du Nord marqua son intérêt pour les recherches de l’Académie en livrant un compte-rendu succinct de l’évènement, mais le contenu des débats ne fut jamais publié.

La FNAC, agitateur culturel depuis Neandertal, n’avait fourni à l’ASQFA qu’un modèle de magnétophone en silex taillé.

L’enregistrement de la discussion dura plus de deux heures, mais une bonne moitié était inaudible.

André Blavier , pipe en main. À droite, Claude Daubercies. Odette Blavier, entre les deux, lunettes sur le front.

J’ai sélectionné quelques extraits qui m’ont paru dignes d’échapper à mes tiroirs et qu’on écoute aisément. Rares sont les interventions d’André Blavier. Lequel, taiseux, n’a pas laissé beaucoup de traces orales pour les générations futures. À propos de la ‘pataphysique – le Collège était occulté depuis dix ans -, il est particulièrement bref. Mais pertinent.

Bientôt la suite… sous le titre Le Banquet du Montana.

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