Brassens est morte
Claudette Gruson, alias Brassens, est décédée le 21 mars 2018 au CHR de Lille.
À la fin des années 1960, et pendant plus de vingt ans, elle a mal (ou sur ?) mené les flics du commissariat central de Lille et même ceux de la PJ, rue Royale. Elle fut poursuivie de nombreuses fois – à tort ou à raison ? – pour dégradation de monuments, incidents sur la voie publique, attentat à l’explosif, cambriolages…
Elle souhaitait qu’on l’appelât Brassens, chansonnier pour lequel elle avait une très grande admiration et qui lui avait inspiré sa manière de vivre, ses coups de gueule et ses amitiés. Elle avait créé une complicité entre les personnes qui l’entouraient en les affublant d’un surnom issu de sa propre mythologie. Si bien que le groupe anarchiste autonome de Lille échappait aux tentations du vedettariat. Dans la bonne humeur et la sédition. Voir mon livre pages 138-142 : http://passezmuscade.ciancia.net/lille-en-mai/
Aide-soignante à l’hospice général, elle s’en fit virer parce qu’elle avait emporté la part de fromage qu’un malade avait laissée. Elle avait acquis la légitimité qui lui permit, fin 1972, d’interpeller Sartre (alors directeur du tout nouveau Libération. À cette époque, les intellectuels parisiens cherchaient obstinément à causer avec le Peuple.
Elle fabriqua, plus tard, des objets en cuir (bracelets, sacs, ceintures…) qu’elle vendait devant Le Printemps. Son public devint plus large, plus jeune et plus oecuménique. Cette activité lucrative ne l’empêchait pas de persister dans l’intégrité de ses refus. Et de manifester son attachement aux valeurs libertaires.
Retirée dans l’anonymat à la campagne depuis une bonne vingtaine d’années, on l’avait souvent donnée pour morte.
Elle n’aura pas vécu longtemps ce printemps déjà bien pourri.
« Les copains affligés, les copines en pleurs » : Raymond la Science, Malatesta, Orson Welles, Belles Mirettes, Bonnot, Petit Jean, L’Homme de la Brousse, Berthe, Le Gros, Z’yeux à croûtes, Joli Coeur, le commissaire Lecahé…
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