En 2012 quelques pataphysiciens, oulipiens et citoyens avertis ont adressé une lettre à la commission de dénominations des rues de Lille. Ils souhaitaient qu’une voie, un square, une place ou un édifice public honorent la mémoire « d’un des plus grands pataphysiciens du siècle », Julien Torma. Il leur fut répondu qu’on y penserait. Presque quatre ans plus tard, le plan urbanistique de la MEL (métropole européenne de Lille) se déploie au-delà des boulevards périphériques. Entre le stade Pierre Mauroy, extramuros, et le centre historique de la ville, l’architecture nouvelle dessine déjà l’avancée de nouvelles zones résidentielles. Qui laissent courir des rues nouvelles bientôt dédiées à de grands hommes ignorés… Plus que jamais, il devenait nécessaire de rappeler aux Lillois « les gestes et opinions » de Torma qui s’arrêta plusieurs fois à Lille autour des années 1930. En particulier dans le quartier Saint-Sauveur. Le Régent de Nautique épigéenne, Bastiaan van der Velden, dans un article récent, s’y est fort opportunément employé1
Des bains de Lille au Bordelamer (ou inversement). Entre taylorisme et hygiénisme, la nécessité des bains corporels s’était généralement fait sentir depuis plus d’un demi-siècle. La ville de Lille comptait, dès 1920, une dizaine d’établissements de bains. C’est dire qu’il est difficile, a priori, de préciser le lieu de la rencontre en mars 1932 de Julien Torma et de Philippe Merlen2. Lequel était alors étudiant hypokhâgneux au lycée Faidherbe.
Wazemmes sur des notes de Jean Corti
Jean Corti fut l’accordéoniste de Brel, Barbara, des Têtes raides… Mais aussi le contrebassiste de Brassens à ses débuts. Il est mort le 25 novembre dernier. Sa musique a résonné, à Lille, trois jours plus tard, dans les murs de La Barraca Zem. Plus familiers des percussions du forro que des rythmes musette : métissage de plaisirs ordinaires qui ne dissipent pas la nostalgie de rues privées de sens.
Il fut un temps, en effet, où ma rue vivait à l’écart des secousses sismiques. Depuis que Wazemmes est devenu l’épicentre lillois de la révolution/renaissance culturelle, il y devient difficile d’échapper aux différentes modes et lubies de ce début de siècle. Le cosmopolitisme virtuel s’affiche au prix de la monnaie courante. C’est donc sans état d’âme que je me suis installé rue d’Anvers, le 28 novembre 2015, à La Barraca Zem. Pour un concert initialement programmé le 14 mars.
J’avais prévu la projection d’une courte vidéo qui datait de 1989 et qui donnait à voir quelques rues de Wazemmes. Un Wazemmes insalubre, aux maisons murées, bicoques à ciel ouvert et barbouillées de graffitis non estampillés « street art ».
Chansons post-Oulipo
La Java du kangourou
Il y a plusieurs façons d’écrire une chanson. Vous pourrez les découvrir lors de stages onéreux expressément conçus pour les gens qui souhaitent apprendre à composer des chansons.
Je me bornerai ici, à vous refiler un exemple qui ne peut pas s’ériger en méthode mais qui peut distraire quiconque attend l’inspiration depuis un certain temps.
Concert du vendredi saint
Le vendredi 3 avril dernier, lors de la soirée consacrée à la chanson francophone organisée par Radio-Campus Lille, j’ai interprété une quinzaine de chansons.
J’étais accompagné par un ensemble de musiciens assez inhabituel : Alain Bugelli à la clarinette, Théo Demarcq aux percussions et à la batterie, Eric Legrand à la guitare et Erich Pralat à la contrebasse.
En voici deux extraits. « La rue du Jambon », dans une nouvelle version, sur une composition de Eric Legrand. On peut lire l’histoire de cette rue en cliquant ici.
Et aussi « La chasse aux chansons » (paroles ci-dessous).
Guy Ciancia, la Résurrection
Soirée chanson campus, 3 avril 2015 – 20 h 30
Le premier concert dont je me souviens, sur le campus de Lille 1, c’était en 1971. La vedette, Valérie Lagrange était venue apporter son soutien à Michel Abdel Massih, un étudiant palestinien menacé d’expulsion. Déjà. Ce concert avait été précédé d’un happening beaucoup plus fréquenté dont les acteurs (un millier environ) s’étaient déplacés dans 40 cars de CRS.
Vous devinez donc que je ne suis pas un poulet (sic) de l’année.
Ci-dessous, extraits de mes archives, quelques bulletins radiophoniques d’information diffusés le 19 mars 1971 et la photo publiée par Nord-Matin le lendemain.
À cette occasion, il y eu quelques échanges fructueux entre les étudiants et les fonctionnaires de police à la recherche d’une soi-disant imprimerie clandestine, dans le bâtiment de Mathématiques. Une machine à écrire, une ronéo et un bâton de 85 cm de long furent saisis.
En ce temps-là je chantais occasionnellement. Mais ailleurs que sur le campus qui ne donnait pas encore dans le culturel. Ni dans le foot. Après Mai 68, j’occupais une bonne partie de mes loisirs à fomenter la subversion sur ce lieu scientifique de perdition (je m’y perdais et j’y avais perdu mon temps). D’autres tentaient d’y défendre la cause du peuple.
Mais, foin de vieilleries. En ce vendredi saint, nous attendrons, bien au chaud et confraternellement, le retour des cloches. Pour patienter, et avant les œufs que Radio Campus ne manquera pas de cacher dans les pelouses, mes camarades et moi vous offrirons quelques rengaines à notre façon.
Celle-ci, par exemple, qui figure dans mon CD.