La chanson du décervelage des Nains de jardin
Accompagné au concertina par Gérard Buisine, je chante cette chanson en octobre 2007 à la Fond’Action Boris Vian. Devant un grand nombre de membres et d’Optimates du Collège de ‘Pataphysique et avant la projection du film Ubu roi de Jean-Christophe Averty. Sur l’air de La Valse des pruneaux, Alfred Jarry et les lycéens de Rennes ont écrit, jadis, la première et célèbre version de La chanson du décervelage. Au début de cet enregistrement, c’est Thieri Foulc, provéditeur-éditeur du Collège qui annonce mon intervention.
Les paroles
Mon pèr’ qui savait tout, Victor et La Fontaine
Ivre de quelques bières, alcoolique et brutal-al
Fatigué de porter sa misère hautaine
Ecoutait l’ chant d’un nain d’ jardin local
Le dit bonhomme avait bien peu de cervelle
On peut mêm’ dire qu’i en avait plus du tout
L’avait troqué(e) contre trois carame-els
A un aut’ nain nommé Bébé Toutout
Voyez, voyez Les décervelés Bébé Toutout Du bran dans les braies Découpait l’ cou De la tête aux pieds A tous Les nains d’ jardin De la vill’ de Roubaix
Des plus fameux parmi ceux qu’on fait la Grand’ Guerre
S’étaient pris, l’ 32 Mars, à vouloir défiler-er
Sous le noble étendard du Géant des Lisières
Tous s’embarquèr’t dans l’ capiteux projet
Depuis longtemps elle était au chômage
Ça chagrinait les révoltés sociaux
On dérouilla d’ la Veuv’ les embiellages
En un clin d’oeil, elle était au boulot
Voyez, voyez Comment décoll’ter Tout’s les sal’s têtes Des nains d’ potager Faut trancher net Dans l’ vif du sujet De tous Les nains d’ jardin De la vill’ de Roubaix
Bébé Toutout, vaillant, avait r’troussé les manches
Et r’montait l’ascenseur d’la bascule à Charlot-ot
Avec un tel bonheur qu’ sa chemis’ presque blanche
En moins d’un’ heure était rouge à carreaux
Les nains en stuc et les amours en plâtre
Les Mannkenpiss et leurs p’tit’s chos’s du bas
Tous empilés en vrac par bott’ de quatre
Fur’t débités comme vulgair’ cervelas
Voyez, voyez Comment dénombrer En écourtant Les formalités Tous les entiers Et même les moitiés De tous Les nains d’ jardin De la vill’ de Roubaix
Le sieur Bébé Toutout, ignoble personnage
Fit un fameux ragoût des membres orphelins-ins
Avec ses crott’s de nez assaisonnant l’potage
I s’ pourléchait l’ chicot d’un air canin
Perdant la tête, un de ces ridicules
Nain, raccourci jusqu’à ras du trognon
Fit remarquer qu’ l’opération s’rait nulle
Si l’on n’poursuivait pas les ablations
Coupez, coupez Coupez les jarrets Brisez les os Des bras amputés Défoncez l’dos Des plus éventrés De tous Les nains d’ jardin De la vill’ de Roubaix
Mon cochon qu’ j’y réplique en empoignant le bougre
J’ vas t’instruir’ d’arrach’ pied du taf entre quat’ zyeux-eux
Dans l’ grand pressoir j’y fous sa têt’ de lard à moudre
Et l’on fait d’mêm’ pour finir par la queue
Les agronom’s souriaient dans leur barbe
La merdre et l’ sang ça fait pousser les choux
Les cornichons, les pruneaux, la rhubarbe…
Fallait pas laisser un seul nain debout
Décapitez Les plus dépités Priez les saints Du calendrier Qu’ Bébé Toutout Fit déboulonner Avec Les nains d’jardin De la vill’ de Roubaix
En f’sant un pas de côté, j’ crois voir une amygdale
Qui surnageait, sanglante au mitan d’ la bouch’rie-ie
Bébé Toutout surgit et s’ la met dans l’ trou d’ balle
En criant sus avant qu’ j’ m’en sois remis
D’ la mortadelle jusqu’au fromag’ de tête
Les d’mi- portions avaient d’ quoi s’éclater
Quand i en restait, on balayait les miettes
Dans l’ grand trou noir d’ousqu’on n’ revient jamais
Voyez, voyez Les pièc’s détachées L’équarrissage Et la tronche en biais Voyez, voyez Les décervelés Oui, tous Les nains d’jardin De la vill’ de Roubaix
Musique de Charles Pourny (La Valse des pruneaux)
et paroles de Guy Ciancia
Les commentaires sont fermés.