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Wazemmes ne manque pas d’airs

par Guy Ciancia le 5 décembre 2012

Le marché se déplie comme un accordéon

Dans leur numéro de décembre, Jihem et François-Régis Ducruet, les intrépides animateurs de La Gazette Lille-Wazemmes me gratifient d’un bel article. Emportés par leurs généreuses intentions, ils me dispensent un nombre de qualités et de talents qui m’embarrassent. Chanteur ? C’est vrai que je chante. Mais bien moins souvent que les curés, les peintres et les maçons. Musicien ? C’est pas l’avis de tout le monde ! Demandez à ceux qui déploient toute leur ingéniosité à m’accompagner. Ils vous parleront de mes points forts, le tango, la béguine et le rock. Et je ne parle pas de la bourrée 3 temps. Quant à poète… C’est un grand mot. Je préfère me ranger aux côtés des innombrables génies quotidiens, non conformistes et discrets, dont Wazemmes fourmille.

Revenons à la chanson Chez nous autes à Wazemmes. Son histoire est fidèlement rapportée dans cette même gazette grâce au témoignage de Gérard Buisine. En résumé, une version de 2001, pour choeurs et fanfare, dont les paroles sont d’Allain Leprest et la musique d’Omar Yagoubi. En 2009, une autre version plus intimiste dont j’ai composé la musique tout en gardant le refrain initial. J’ai aussi rajouté aux paroles de Leprest, cinq vers d’introduction, non chantés. Par ailleurs, ma musique m’a contraint à augmenter de huit vers le texte initial. J’ai conçu ces ajouts comme une forme d’hommage à Allain Leprest. Vous les trouverez ci-dessous en caractères gras. Comme c’était, de fait, une nouvelle chanson je l’appelle Nous autes à Wazemmes. La version guitare-contrebasse (Buisine-Pralat) que je propose à l’écoute a été enregistrée lors d’une répétition. Wazemmes a inspiré aussi d’autres chansonniers. Je pense notamment à Jacques Bertin et Philippe Laidebeur, dans les années 1960.

Nous autes à Wazemmes

C’était un jour si froid qu’ le soleil frissonnait
On soufflait dans ses doigts et l’on battait des pieds
Pour réchauffer le coeur d’une aventure tranquille
J’ai rencontré Allain Leprest sur le marché
Le mec mêlait son scatt aux orgues de la ville

Léon Ekman alias Napoléon, empereur des brocanteurs de Wazemmes

Le marché se déplie comme un accordéon
On dirait le ciel peint par un peintre flamand
Un temps à décoiffer le père Napoléon
La ville ouvre les yeux et chante son roman
On entend frissonner un accord de musette
L’écho d’un carnaval au Quat’ cent vingt et un
II passe un vieux vélo et Pierrot La Palette
Danse sur le plafond une fleur dans le poing
Parfois les soirs de chauffe on risque des châtaignes
Tant mieux, devant la soupe on se réconcilie
Quand on se fâche ici c’est pas vraiment la haine
Le vent porte l’haleine d’une douce folie

Ch’est nous aut’ à Wazemmes
Chez nous aut’ à Wazemmes
Ch’est nous aut’ à Wazemmes
Chez nous aut’ à Wazemmes

Musiciens et chanteurs sur la petite place

À la place Casquette l’Orphéon sous le kiosque
Fait valser dans sa cape le reflet d’Henriette
Le juke box dans un bar mélange les époques
Faites tourner toupies, broquelets, broquelettes
Par ici les métiers à tisser ça métisse
Ce n’est pas par hasard si on est toujours là
Il flotte dans la rue l’odeur du pain d’épices
Et de brique mouillée et de barbe à papa
Aux terrasses pépient les oiseaux de Wazemmes
Des guirlandes d’ampoules brûlent dans les platanes
Le houblon coule à flots, on a touché l’quinzaine
On va se rhabiller, s’allumer des gitanes

Refrain

On chante, on résiste, nos gorges font la loi
Entre Esquermes et Moulins on a squatté la ville
La rue des Sarrazins trinquent avec les Gaulois
On ne sera jamais des naufragés sur Lille
Prenons le train en marche avant qu’il ne s’essouffle
Les regards semblent dire on vous voit on vous aime
Pas question dans nos murs du silence des pantoufles
La nouvelle aventure on la boit on la sème
La ville ouvre les yeux pour écrir’ son roman
Des touches d’encre noire tissent le point de Lille
La dentelle aux carreaux tamise un peu le temps
Une page est tournée, déjà chante la ville

Refrain

Rue Lafargue on paresse, on en a bien le droit
La Plac’ des quatr’ Chemins se la joue solidaire
Les pompiers, rue Littré, c’est sûr, ne s’en font pas
Tout feu, tout fl(a)emme, ils mett’nt à jour un dictionnaire
Où notre vie, demain, peut-être, s’écrira

Le marché se déplie comme un accordéon
On dirait le ciel peint par un peintre flamand
Un temps à décoiffer le père Napoléon
La ville ouvre les yeux et chante son roman
On entend frissonner un accord de musette
L’écho d’un carnaval au Quat’ cent vingt et un
II passe un vieux vélo et Pierrot La Palette
Danse sur le plafond une fleur dans le poing

Paroles : Allain Leprest, Guy Ciancia.

Musique : Omar Yagoubi, Guy Ciancia.

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