L’ASQFA au Montana
Un banquet mémorable
Après ses débuts fracassants, l’Académie septentrionale de queneaulogie fondamentale et appliquée trouvait peu à peu sa vitesse de croisière.
Le bilan d’activité paraissait une bonne année plus tard dans la brochure Le Banquet du Montana, Éditions ASQFA, « Circulat nec quadratur », 1988.
La conclusion de cette plaquette commémorative (vignette ci-dessous, à gauche) peut être considérée comme un raccourci fidèle de la journée lacomienne de Lille, le 12 mars 1987.
À cette occasion, Blavier écrivit L’Ode à Lisque. Son texte est reproduit dans les trois vignettes suivantes (pour mieux les lire, cliquer dessus).
Quinze ans passèrent et Guy Jungblut eut l’idée d’un abécédaire qui aurait rassemblé des témoignages des abonnés de Temps mêlés et autres amis de Blavier. André, qui s’était fait des cheveux, avait rejoint l’Ethernité (2001), précédant de peu Odette (2003). Cette dernière avait enfin donné son accord et collaboré à l’organisation des cérémonies verviétoises en l’honneur d’André et du Centre Raymond Queneau. Dans un tel contexte laudatif, Guy Jungblut abandonna son projet : il n’avait reçu que des participations hagiographiques qu’André Blavier n’aurait pas toujours appréciées. Voici, pour ma part, le texte, jamais publié, que j’avais transmis. C’est un bon résumé de la soirée post-lacommienne lilloise de 1987. Il contribuera à l’éclairage amphigourique du Banquet.
Si frêle Brigitte. Bien plus belle que Magritte
Tout est dit dans le Banquet du Montana. Mais, videmment, tout reste à dire : errata, soupirs, remarques contrapuntiques, changement d’ère ou notes à benêts. En résumé, pour éclairer cette (parfois) sombre histoire :
Sur Claude Debon dispensant la Science et André Blavier , égrenant les « petites prières » du Journal de Queneau1, je n’ai rien à (re)dire. Le vrai vice est ailleurs ; et l’Essentiel, on l’apprendra, en l’occurrence, à gauche, au fond du couloir. Le débat se prolongea bien au-delà de l’officiel, jusqu’à l’aube. Autour d’un couscous, à travers les rencontres fortuites du Montana, un rade marocain de la rue des Postes (à cent mètres de la place de la Solidarité, alors tout récemment pourvue de son célèbre anneau de Moebius). C’est là qu’André Blavier fut foudroyé par Cupidon. Ému soudainement par la pure jeune fille qui sirotait des menthes à l’eau, au comptoir. En compagnie de son tonton (ou pépé ?)2.
Ce n’est, cependant, que plusieurs semaines après les rogatons post-lacommatoires que l’identité patronymique (Roger Magritte ! ) du tonton de Brigitte Maton, égérie d’une nuit, a été révélée.
Blavier, qui faisait peu de cas des hasards zobs et autres conjonctions astrales, s’était empressé d’oublier le jeu-thème de Brigitte. Son érection – de ce Thélème horoscopique – aurait pourtant pu enrichir Le Mal du pays. Où René Magritte apparaît déjà en galante(s) compagnie(s). (L’Ode à Lisque, donnée par André pour Le Banquet ne semble pas abonder en citations ou auto-références majeures. Une ou deux allusions métaphoriques au Mal du pays : avec quelle verve, souvent plagiée allait-il sans détours au but ! ). André Blavier, par contre n’est jamais tout à fait revenu du Grand Trou Noir qu’il évoque aussi dans cette Ode à Lisque (incident qui inspirera – si l’on peut dire le dernier texte du Banquet). Il y allusera d’ailleurs encore au Cirque Divers en octobre 1997. Aujourd’hui qu’ont été édités (illicite c’eût été en 1987) divers textes ignorés (par moi-même) de Queneau, cette aventure pourrait approximativement s’intituler : « Un confin ténébRReux » (en roulant les airs à la façon de l’explosif Tailhade). Les évènements de mars 1987 furent ainsi voués dans leurs intentions, au plein soleil des quadrateurs et à la fertilité du limon. Ils se conclurent – aux confins des ténèbres3 – sous le double patronage d’un Magritte providentiel… et de la merdre !
Prochainement, l’ASQFA après André Blavier.
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Le Journal venait d’être publié, ébranlant les certitudes des Queniens les plus sceptiques. ↩
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Voir les interrogations de Blavier dans L’Ode à Lisque. ↩
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À propos des Confins, on évoquera sans ambages, la fraîcheur du poète de sept ans, mais aussi le premier alexandrin du sonnet d’Albert Samain (un Lillois) : Dans l’ombre tiède où toute emphase s’atténue… , (dans Au jardin de l’Infante, 1892.) ↩
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